L'Or assassin by Yves-Marie Clément Nathalie Clément

Auteur:Yves-Marie Clément, Nathalie Clément [Yves-Marie Clément, Nathalie Clément]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions des Falaises
Publié: 2018-01-15T05:00:00+00:00

Mulokot marchait dans les rues de Cayenne. Son portrait et celui de Walisimë avaient été diffusés partout. Dans les gendarmeries, les postes de police. Il passait régulièrement sur Guyane 1ère, et on disait qu’une bonne somme d’argent avait été proposée à toute personne apportant des informations qui permettraient leur arrestation.

Mulokot se savait piégé. Il pensait à son frère. Il pensait à Kunawaluna qui l’avait trahi. Il n’avait pas protégé Walisimë contre les balles de kalachnikov. Et elles avaient traversé son corps. Walisimë était mort, et maintenant, la tête de Mulokot était mise à prix. Il connaissait des gens à Cayenne. Des personnes qui accepteraient sûrement de le planquer. Mais il n’était plus très sûr de rien. Il ne savait pas s’il pouvait faire confiance, l’argent pouvait changer bien des choses. Il était déjà venu ici avec son frère. Il avait rencontré des gens. Des Indiens, des Créoles, des Bushinengués et des Blancs qui défendaient les mêmes causes. Il se souvenait de discussions enflammées sur les méthodes à mettre en œuvre pour rendre à la Guyane sa dignité. Il se souvenait de ces mots utilisés par ces hommes et ces femmes. Les réunions avaient souvent lieu dans un bar du village Chinois. Le soir, la nuit. Et on buvait. Des ti punch, de la cachaça, de la bière Antarctica, jusqu’à l’aube.

Mulokot se souvenait de ces soirées. Mais son esprit se brouillait. Que devait-il faire, maintenant ? Beaucoup de choses s’étaient passées depuis ces réunions. Mulokot avait tué des Blancs. Il avait massacré des garimpeiros avec son frère. Il était devenu un assassin. La police finirait par l’arrêter ! Il se retrouverait devant le juge. Dans une grande salle où des hommes et des femmes le regarderaient. L’accuseraient. Le montreraient du doigt. Ça, il ne pourrait pas le supporter. Disparaître dans la forêt, c’était peut-être une solution.

Mais il ne parvenait pas à organiser sa pensée. Sa tête lui faisait mal, de plus en plus. C’était comme si son cerveau se bloquait. C’était comme si sa maladie s’était développée d’un bond, à cause de cette poursuite en forêt. À cause de la mort de son frère. C’était comme si le mercure qui avait coulé dans son sang, quand il était encore dans le ventre de sa mère, se réveillait. Il le savait, son état n’allait pas s’améliorer. Les crises succéderaient aux crises et seraient chaque fois plus violentes.

Devait-il faire un coup d’éclat pendant qu’il en était encore capable ? Tuer encore et encore pour faire parler de la « cause amérindienne », comme disait si justement son frère. Tuer. Mais qui ? Oui, il était prêt à le faire. Il n’avait plus rien à perdre, désormais.

La Mère-Forêt avait englouti son frère.

Le jaguar l’aura emporté et partagé sa chair avec ses enfants. Mulokot fut secoué d’un hoquet. Il n’avait pas imaginé que cela se terminerait comme ça. Il tourna à gauche dans la rue Barthélémy et suivit le canal Laussat. Il se trouvait à découvert. Un taxi collectif passa à sa hauteur. Mulokot tourna

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